
Le Chocolat dans tous ses états
1. L'histoire du chocolat
Le chocolat, une boisson sacrée chez les peuples précolombiens
Originaire d'Amérique du Sud et notamment des bassins d'Amazonie et de l'Orénoque, le cacaoyer, arbre dont est issue la fève de cacao,existe depuis environ 6000ans.
La plus ancienne trace de chocolat remonte à 1600 ans av. J-C., période durant laquelle vivaient les Mayas. Ils préparaient le chocolat sous la forme d'un breuvage rituel appelé chacau haa. Cette boisson, composée de fèves de cacao écrasées et mélangées à des épices et de l'eau, était alors particulièrement amère. Les Aztèques ont par la suite tenté d'adoucir ce breuvage en ajoutant du miel et de la vanille. Avec peu de succès apparemment puisque le nom de cette nouvelle recette, xocoatl, signifiait « eau amère »...
D'après les religions maya et aztèques, le cacao aurait des origines divines : il aurait en effet été découvert par les dieux sur une montagne aux aux mets délicieux. Le dieu souverain serpent à plumes aurait donné le cacao aux mayas , après que les humains aient été créés à partir du maïs. Les Mayas ont longtemps célébré en avril un festival annuel destiné à honorer leur dieu du cacao, Ek Chuah, événement au cours duquel un chien coloré en cacao était sacrifié. Dans la version des Aztèques de cette légende, le dieu Serpent à plumes est dénommé Quetzalcoatl.
Une autre légende précolombienne raconte que les dieu Serpent à plumes avait enseigné l'art très précieux de cultiver les cacaoyers à une princesse toltèque. Sommée par les rebelles de leur montrer les plantations, la princesse refusa et fut tuée. De son sang répandu à terre se mirent à pousser des cacoyers. Selon cette légende, l'amertume du cacao rappelle la souffrance de la princesse et la couleur rouge de certaines cabosses évoque son sang...
Plante médicinale chez les peuples précolombiens
Le cacao avait le réputation de donner des forces aux travailleurs et de soigner certaines maladies. Le beurre de cacao, était , lui, utilisé pour soigner les brûlures. Les fleurs de cacao étaient utilisées pour traiter la fatigue. Un mélange de fèves de caco, de maïs et d'une herbe appelé tlacoxochlt permettait de soulager la fièvre et traiter les défaillances cardiaques. Ces pratiques initiées par les Olmèques ont été adoptées pas les Mayas , puis les Aztèques.
La fortune des Aztèques
La fève de cacao a été utilisée très tôt par les Mayas comme unité de calcul et moyen de paiement. La carga, leur mesure étalon, correspondait à la charge qu'un homme pouvait porter sur son dos, évaluée à 8000 fèves de cacao. Les Aztèques continuèrent à utiliser cette mesure étalon, qui devint un élément majeur de leur civilisation , au niveau social et économique.
Herman Cortes et le chocolat
L'un des plus importants calendriers mayas, prévoyait le 21 avril 1519 l'arrivée d'un vol de papillon. Ce jour-là précisément, Herman Cortes débarqua avec ses 11 galions espagnols, perçus de loin comme des papillons... De leur coté, les Aztèques attendaient à cette période le retour de leur dieu Quetzalcoatl parti conquérir de nouvelles terres à l'est. C'est pourquoi Herman Cortes et les conquistadors furent accueillis à bras ouverts par les autochtones, loin de se douter du sort cruel qui leur était réservé. L'admiration des Aztèques envers Herman Cortes fut telle qu'il reçut en cadeau une magnifique plantation de cacaoyers. Il comprit très vite l'importance économique potentielle pour son pays de cette denrée exotique. Ainsi, il apprit à mieux mesurer la valeur de la monnaie aztèque et estima la valeur de la carga à cinq pesos d'or, cours qui grimpa jusqu'à vingt pesos après son retour en Espagne.
L'expansion du chocolat en espagne puis dans toute l'Europe
De retour en Espagne, Herman Cortes ramène avec lui plusieurs plantes inconnues en Europe, le cacao est l'une d'elle. Il la présente à Charles Quint en lui disant : "Une tasse de cette précieuse boisson permet à un homme de marcher un jour entier sans manger ". C'est le début du succès pour le chocolat.
Il est tout d'abord, consommé par la famille royale car celui-ci était lourdement taxé et donc hors de prix pour le peuple. Peu à peu, la cour d’Espagne est subjuguée par le charme de cette boisson aux saveurs exotiques et l’adapte à son goût en y ajoutant du sucre de canne, de la vanille, de la cannelle et du poivre.
C’est en 1585, que le commerce du cacao commence à se développer sur la péninsule ibérique avec la première cargaison officielle arrivant de Nouvelle Espagne. Pour faire face à la forte demande pour cette nouvelle boisson, les armées espagnoles commencent à réduire en esclavage les Mésoaméricains pour produire le cacao, une activité économique à part entière se développe. Cependant, ce produit d'importation reste très cher, seuls les membres de la famille royale et les initiés peuvent en boire.
Toutefois, le chocolat ne tarde pas à séduire l’aristocratie espagnole, puis gagne l’Italie dès les premières années de 1600. En France, c’est Anne d’Autriche, fille du Roi d’Espagne Phillipe III, et épouse de Louis XIII en 1615 qui fait découvrir son propore chocolat à la cour. Dès lors, la consommation de chocolat rythme la vie de la cour. Tout le monde y trouve intérêt, y compris les médecins qui attribuent au chocolat diverses propriétés plus ou moins avérées. Le cardinal de Richelieu, quant à lui, déclare le consommer pour «modérer les vapeurs de sa rate».
L'industrialisation du chocolat
En 1659, Louis XIV accorde à un officier de la reine, David Chaillou, le monopole de la fabrication du chocolat en France. La première chocolaterie voit le jour dans le centre de Paris. Le chocolat est toujours consommé sous forme de boisson, mais aussi de liqueur, de pastilles ou encore de dragées. La fin du monopole de Chaillou, en 1693, laisse libre la voie aux apothicaires et aux marchands d’épices, qui se lancent dans la fabrication de cette denrée dont le succès ne cesse de croître. Enfin, en 1778, la fabrication du chocolat entre dans l'ère industrielle avec l'invention d'une machine hydraulique à broyer le cacao et à le réduire en pâte.
L’industrialisation entraîne la démocratisation du chocolat et il devient alors abordable pour les masses. Les premières décennies du XIXe siècle voient se succéder les créations d’entreprises.
Cailler est la plus ancienne marque de chocolat suisse. La marque est née en 1819.
En 1815, Coenraat Van Houten fonde son usine à Amsterdam.
En 1825, Jean Antoine Brutus Menier installe à Noisiel-sur-Marne une usine de fabrication de poudre pharmaceutique, dont une poudre de cacao destinée à enrober les médicaments amers, qui ne tarde pas à se spécialiser dans le chocolat.
En 1826, c’est au tour de Philippe Suchard, qui s’établit près de Neuchâtel, en Suisse. Le produit « chocolat » évolue: en 1828, Van Houten dépose son brevet pour la fabrication du chocolat en poudre et en 1847, le chocolat est commercialisé pour la première fois sous la forme de tablettes…
Le chocolat au lait, quant à lui, voit le jour en 1875, grâce à l’ajout par le fabricant Daniel Peter du lait en poudre mis au point peu de temps auparavant par Henri Nestlé.
L'histoire du chocolat est loin d'être terminée puisque de nos jours encore de nouvelles entreprises associées au commerce du chocolat se créent. De même, on découvre de nouvelles techniques ou on lui ajoute de nouveaux ingrédients afin d'innover.
Enfin, aujourdui'hui, le commerce du chocolat tend aussi à posséder une valeur humanitaire, en particulier avec le commence équitable.
« Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial.
Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant des droits aux producteurs et aux travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète.
Les organisations de Commerce Equitable (soutenues par les consommateurs) s'engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l'opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. »